ASTEBROS
Windows, Mega Drive
Catégorie : roguelike
Joueurs : 1-2
Développeur : Neofid Studios
Éditeur : Neofid Studios
Date de sortie : 31/05/2023 (Steam), 07/2023 (Mega Drive)
Prix : 16,49€ (Steam), 17,99 €-79 € (Mega Drive)
Site Officiel : https://neofid-studios.com/fr/pages/astebros
(testé sur Mega Sg)
Lors de son annonce quelques mois «seulement» après la sortie de Demons of Asteborg, ce qui est plutôt rapide dans le monde du homebrew, Astebros pouvait passer pour un projet plus modeste de la part de Neofid Studios, un spin-off de leur production précédente servant à «rentabiliser» l’investissement et le moteur créé pour Asteborg. Néanmoins, il faut bien admette que ce nouveau jeu a bien évolué pour devenir tout aussi ambitieux, puisqu’il remplit lui aussi une cartouche de 120mégas dans laquelle il n’a d’ailleurs pas été possible de caser tout ce qui avait été prévu dans le cadre de la campagne Kickstarter. Et comme d’habitude, le studio basé à Manosque a bien fait les choses, avec un jeu en huit langues dont le français, même si son manuel tout en couleurs est lui uniquement en anglais hélas, or il se révèle assez indispensable pour bien identifier les différents types de modificateurs. En revanche, on a été surpris de ne voir qu’une seule option dans le menu, permettant de désactiver les secousses d’écran pour ceux que cela dérange. C’est en tout cas le type de réglage que l’on s’attend plus à voir dans un jeu commercial sur plateformes actuelles, signe d’un certain professionnalisme.
Mais si Astebros réutilise le moteur de Demons of Asteborg et se contrôle d’une manière similaire, il est déjà important de comprendre qu’il s’agit d’un roguelike, autrement dit d’un action-RPG se déroulant dans des «donjons» (dans le sens anglais du terme) générés aléatoirement, et où la mort renvoie directement au camp de base. Le progrès général est bien entendu conservé (les prisonniers libérés, les boss vaincus et certains améliorations), mais des gobelins profiteront de notre K.O. pour nous piquer notre arme (ce qui est bien pénible quand on l’avait déniché en battant l’ennemi d’une tombe en particulier), nos modificateurs, et même plus ou moins d’argent – ce que l’on peut en partie empêcher en martelant le bouton. L’un des premiers reproches que l’on pourra faire au jeu est qu’un seul niveau est accessible initialement, puisque les autres nécessitent un nombre donné d’orbes obtenus en éliminant les boss; il y en a deux par donjon, mais ils ne sont pas présents en même temps et il faudra donc les visiter au moins deux fois chacun. Alors certes, le stage initial est censé être le plus facile de tous (quoiqu’il comporte déjà certains ennemis bien casse-pieds comme le Samuronion), mais on aurait bien aimé pouvoir prendre le risque d’explorer des zones difficiles pour récolter de quoi fabriquer des armes plus puissantes, au hasard.
Jouable à deux en coopération, Astebros nous donne le choix entre trois personnages qui ont en commun un double saut, une course (accessible après avoir battu le premier boss), un dash très important car il fait office d’esquive et des bombes, servant à ouvrir des passages mais aussi certains coffres. Ils sont sinon très différents, puisque le chevalier est axé corps-à-corps; il est donc plus puissant mais moins facile à maîtriser, d’autant qu’il peut rebondir sur les ennemis façon Shovel Knight et contrer à condition d’avoir le bon timing. Ses coups peuvent être chargés, tout comme ceux du mage qui attaque lui à (mi-)distance et même vers le haut, mais assez lentement hélas. En utilisant des parchemins, il peut cela dit utiliser sa magie sans restrictions pour un temps limité, et il dispose d’une glissade offensive avec bas et attaque, tout comme le ranger, une archère. Celle-ci peut donc attaquer non seulement au loin mais aussi en diagonale avec certaines armes, même si la plupart ont des munitions limitées et doivent donc être rechargées avec le bouton d’attaque. Son pouvoir spécial nécessite lui l’utilisation d’un autre consommable qui permet de faire apparaître un familier. Ce qui ne semble pas marcher contre les boss cela dit, mais le ranger nous semble néanmoins le personnage le plus accessible des trois, et même sans doute le plus efficace en solo.
Entre chaque expédition, que l’on batte un boss ou que l’on trépasse, on retournera au camp où l’on peut changer d’aventurier, mais également interagir avec des personnages que l’on aura libérés dans les niveaux. L’un d’eux vous vendra par exemple des cœurs supplémentaires (bleus donc temporaires, qui ne peuvent être remplis une fois perdus), la carte du prochain donjon et différents consommables. Le forgeron fabriquera de nouvelles armes, à condition d’avoir non seulement déniché son «plan» dans un coffre (souvent dans celui de la salle du boss) mais aussi d’avoir obtenu les matériaux nécessaires. Le hic, c’est que vous n’obtiendrez pas l’arme, mais vous pourrez (parfois) la trouver au début d’un donjon… Car il est clair que si l’on progresse (quasiment) à chaque partie, en apprenant les particularités des ennemis et en découvrant certains subtilités de gameplay – pensez bien à détruire aussi les squelettes des ennemis vaincus –, la difficulté du jeu demeure malheureusement très aléatoire. Parfois les ennemis vous redonneront de la vie, parfois pas du tout, parfois carrément des cœurs supplémentaires… Mais surtout, Astebros présente le même défaut que Demons of Asteborg, sauf que ce n’est pas son deuxième boss qui est infernal, mais carrément le premier ! Et même si l’on peut dépenser cinquante pièces pour activer un téléporteur permettant d’arriver directement devant le boss, il sera souvent préférable d’explorer tout le donjon pour se faire de l’argent, tout en conservant assez de vie pour l’affrontement final…
Honnêtement, je n’ai pas compté, mais j’ai refait le premier niveau un nombre incalculable de fois, au point d’avoir libéré tous les prisonniers, les prisons ne contenant plus que des partitions de musiques… Ayant assez d’argent pour m’acheter trois cœurs supplémentaires, j’ai retenté ma chance mais la partie s’est mal goupillée. J’avais pourtant trouvé plusieurs modificateurs pour une fois, mais pas forcément utiles et l’on ne peut pas les désactiver, à moins d’en trouver un troisième pour remplacer l’un des deux équipés. Pour l’essai suivant, je n’ai donc pas acheté de cœurs car je voulais juste me refaire niveau argent mais, ironiquement, j’ai trouvé un paquet de cœurs bonus, au point d’en laisser car j’avais déjà ma jauge au maximum ! J’ai même bêtement refusé la proposition de la fée (la première que je rencontrais curieusement), alors qu’elle donne un demi-cœur seulement mais définitif pour cent pièces. Or je suis enfin parvenu à battre le boss – et il me restait encore pas mal d’énergie, classique. Et j’ai bien entendu trouvé une fée dans ma partie suivante, nouvelle preuve que le facteur aléatoire l’est franchement trop, hélas. Mais clairement, une fois ce premier obstacle franchi, on avancera bien plus facilement, au point d’enchaîner parfois plusieurs donjons sans mourir ; c’est forcément plus simple quand on a conservé son arme et ses modificateurs.
Cependant, contrairement à Demons of Asteborg, la difficulté demeurera relativement élevée, surtout à partir des quatrième et cinquième niveaux. Pour être tout à fait transparent, je n’ai pas pu dépasser le cap des 30% environ ; j’ai sans doute manqué de temps, et peut-être loupé certaines subtilités. Je n’ai par exemple jamais utilisé le personnage du camp qui réalise les vœux. Il faut dire que, sans toujours nous expliquer les tenants et aboutissants, Astebros nous demande souvent des choix difficiles. Rien que le pub permet de reprendre toute son énergie au prix d’une nausée qui occasionnera d’impressionnants effets de distorsions. Mais on peut également citer les salles de sacrifice qui remplacent un demi-cœur définitif par un cœur temporaire, ou le diable qui nous propose de perdre des cœurs en échange d’un modificateur puissant parmi deux… Malgré tout, il nous semble qu’il y a un souci d’équilibrage, peut-être inhérent au genre, et qui se réglera peut-être par l’aide d’un second joueur en coopération – ce que l’on n’a pas pu tester. Pour un joueur solo, on conseillera plutôt de se tourner vers Asteborg, ou d’attendre la version Evercade qui bénéficiera de savestates. En tout cas, même s’il est un peu répétitif, il faut reconnaître que le jeu bénéficie d’une réalisation exceptionnelle comme son prédécesseur, et qu’il a le mérite d’offrir à la Mega Drive un titre d’un genre peu commun sur la console, et d’une grande durée de vie qui plus est.
Verdict : À condition de s’accrocher (et bien sûr d’aimer le genre), Astebros se révèle un roguelike réussi pour la 16-bit de SEGA, d’une grande profondeur et à la réalisation très soignée.
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